plombage grisL’amalgame dentaire, aussi appelé « plombage gris », est un matériau utilisé en dentisterie pour obturer les cavités qui résultent des caries. Il ne contient pas de plomb, mais du mercure ainsi que d’autres métaux. Aujourd’hui, l’usage du plombage gris est controversé. S’il n’existe à ce jour aucune étude qui prouve sa toxicité, il laisse cependant de nombreux professionnels et patients méfiants.

Le plombage durant la préhistoire

Les travaux des archéologues ont permis de mettre en évidence des traces d’amalgames dentaires sur des dents fossiles d’hommes préhistoriques. Ceux-ci étaient probablement réalisés à partir de goudrons ou de résines que nos ancêtres enfonçaient dans le creux de la dent à l’aide d’outils destinés au forage d’os ou de coquillages.

Apparition de l’amalgame dans sa version « moderne »

Apparue en Chine au IVe siècle, la version moderne du plombage gris n’arrive en Occident qu’en 1818. À cette époque, le Français Louis Regnart souhaite rendre malléable l’alliage de Darcet (qui correspond à 50 % de bismuth, 25 % d’étain et 25 % de plomb) par l’incorporation de mercure. Quelques années plus tard, un certain Taveau crée l’amalgame d’argent, composé alors de 50 % de mercure métallique et 50 % d’une poudre d’alliage constituée de 2/3 d’argent et d’étain. Dès lors, on parle déjà de « guerre de l’amalgame », car de nombreux détracteurs évoquent une éventuelle dangerosité de ces métaux. La toxicité des vapeurs de mercure est déjà connue et les techniques de pose sont assez négligées (les cavités des caries ne sont pas parfaitement nettoyées et le mercure est prélevé dans des pièces de monnaie en argent). Enfin, une forte expansion lors de la prise pouvait engendrer des fractures dentaires.

C’est ainsi que le plombage gris fut interdit aux États-Unis au profit de l’obturation à la feuille d’or. En 1850, JF. Flagg décida d’introduire le cuivre dans la poudre d’alliage et l’amalgame eut finalement droit de cité. Cela permit de rendre la dentisterie plus accessible économiquement.

Le plombage gris, un sujet qui fait débat

En 1926, Alfred Stock, alors professeur en chimie, alerte les autorités sur les dangers du mercure. Lui-même intoxiqué après 25 années passées en laboratoire, il tient à limiter les dégâts auprès de ses confrères. Le professeur précise que les manipulations du mercure sont plus dangereuses pour les praticiens que pour les patients. Suite à cela, un nouvel alliage composé d’argent, d’étain et de cuivre fait son apparition (en 1930). Celui-ci laisse un peu de répit aux scientifiques qui peuvent alors chercher des solutions alternatives afin de limiter les risques d’intoxication au mercure.

En 1960, la catastrophe de Minamata au Japon entraîne de nouvelles interrogations quant à l’utilisation du mercure. Les recherches aboutissent à la création d’un amalgame dit de nouvelle génération non gamma 2 dans les années 1970. Celui-ci est plus résistant à la corrosion et présente de ce fait un danger beaucoup moins important.

Aujourd’hui, les détracteurs du plombage gris donnent comme référence l’Allemagne et la Suède qui ont totalement interdit son utilisation. Cependant, les raisons pour lesquelles ces pays ont décidé de cesser de proposer l’amalgame dentaire sont principalement écologiques, car aucune étude à ce jour ne prouve d’éventuels effets secondaires du plombage gris.

Quoi qu’il en soit, il existe aujourd’hui des solutions alternatives au plombage gris. Celles-ci sont plus esthétiques et présentent de nombreux avantages. La résine composite est peu onéreuse et imite la couleur de la dent (contrairement au plombage qui reste relativement inesthétique). La céramique est également une solution intéressante puisqu’elle retransmet à la perfection la translucidité des dents. Elle demeure cependant plus dispendieuse. N’hésitez pas à demander conseil à votre dentiste.